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Pénurie de main-d'œuvre dans le commerce de détail : une révolution majeure est imminente

La recherche de personnel qualifié est l'un des plus grands défis auxquels sont confrontés les entrepreneurs indépendants aujourd'hui. SuperMAG a réuni quatre experts, dont Luc Ardies (Buurtsuper.be), Eline David (NOWJOBS), Simon Sintobin (bookU) et Guy Van de Poel (Spar Lichtaart), pour une discussion passionnante sur l'avenir du commerce de détail.

 

 

Une ambiance animée règne dans les bureaux de NOWJOBS, qui débordent presque d'activité. 'Nous avons déménagé quatre fois depuis notre création, mais nous sommes bien installés ici maintenant', déclare Eline David, co-fondatrice et directrice générale. Cette start-up gantoise se spécialise dans la numérisation du travail flexible et met en relation, via son application et sa plateforme web, des travailleurs supplémentaires avec des entreprises à la recherche d'une aide supplémentaire. Elle a conclu un partenariat stratégique avec bookU, qui a développé un outil de planification pour les entrepreneurs.

 

« Nous jouons un rôle de facilitateur », explique Simon Sintobin, directeur commercial. « Nous simplifions les plannings quotidiens et hebdomadaires, nous trouvons des ressources... Nous cherchons en permanence des moyens de faciliter la vie des commerçants. Mais l'aspect humain reste essentiel ; une application seule ne pourra jamais remplacer tout le travail. »

 

“Avec la rareté de la main-d'œuvre, le rapport de force s'est inversé, donnant plus de pouvoir aux chercheurs d'emploi."

 

Les autres invités autour de la table ne sont pas non plus des inconnus les uns pour les autres. Guy Van de Poel, du supermarché de quartier Spar à Lichtaart, fait partie de l'équipe stratégique qui participe à la réflexion autour de l'application. Il sait mieux que quiconque, de par son expérience pratique, ce dont les propriétaires de magasins ont besoin. 'J'étais l'un de leurs premiers clients du secteur de la vente au détail', se souvient Guy. Et qui dit supérettes de quartier, dit Luc Ardies. Luc est directeur général d'UNIZO Winkelraad, administrateur délégué de Buurtsuper.be et fondateur de PMO, une entreprise de RH qui organise des formations pour le personnel. En outre, il est également l'auteur de livres ABC sur le nouveau travail, comme ‘Waarom witte raven niet bestaan’ ('Pourquoi les oiseaux rares n'existent pas').

 

Simon Sintobin, bookU: “De plus en plus de supermarchés remettent en question l'utilisation du chiffre d'affaires comme principal indicateur et cherchent à explorer d'autres paramètres, tels que le nombre de transactions.”

 

 

Beaucoup de supérettes de quartier et de magasins spécialisés sont confrontés à une pénurie de personnel. Quelle est la situation et que peuvent faire les entrepreneurs à ce sujet?

 

Luc Ardies : "Nous sommes à l'aube d'une révolution copernicienne. En raison de la pénurie de main-d'œuvre, le pouvoir s'est déplacé de l'employeur vers le demandeur d'emploi. Les rôles sont comme inversés. Cela signifie que les employeurs doivent examiner le profil du demandeur d'emploi et réfléchir à la manière de l'intégrer dans leur organisation. Par exemple, si quelqu'un demande à travailler à 4/5 temps, vous devez réfléchir à la manière de l'inclure dans votre planning, au lieu de réagir immédiatement de manière défensive."

 

Guy Van de Poel : "L'équilibre entre vie professionnelle et vie privée est devenu très important. La semaine dernière, j'ai eu un entretien d'embauche avec quelqu'un qui était très enthousiaste à l'idée de commencer chez nous. Après le week-end, elle m'a appelé en larmes pour me dire qu'elle ne le ferait pas. Elle n'a pas réussi à convaincre sa famille. C'est très dommage, mais ce genre de choses, qui sont en fait déconnectées du travail lui-même, arrivent de plus en plus souvent."

 

Eline David : "Une nouvelle génération s'est levée et sait très bien ce qu'elle veut. Ces Z'ers fixent leurs exigences - y compris financièrement - car ils savent qu'ils doivent travailler longtemps. La façon dont ils communiquent est également différente. Beaucoup de nos flexi-jobbers ne répondent plus au téléphone, ils communiquent surtout via notre application et en dehors des heures de bureau classiques. C'est à nous de nous adapter."

 

Luc : "Certaines personnes pensent parfois que la nouvelle génération ne veut faire que des choses agréables, mais ce n'est pas le cas. Il s'agit de convaincre les gens de leur importance pour l'organisation. Ensuite, ils acceptent les aspects moins plaisants de leur travail. La marque employeur est importante dans ce contexte. Mettez en avant la valeur ajoutée de votre supérette pour la communauté locale. Lorsque les employés de magasin sentent qu'ils ont également un rôle important à jouer, leur motivation intrinsèque augmente."

 

Guy : "Les employeurs doivent également être aidés. Depuis que nous utilisons bookU, par exemple, je suis automatiquement rappelé l'anniversaire de l'un de nos employés. Il reçoit alors un bon de 25 euros et des petites douceurs. C'est un coût négligeable sur une base annuelle, mais je remarque que nos employés apprécient énormément cela."

 

Guy Van de Poel, Spar Lichtaart: “Nous avons toujours quatre bouchers employés. Ils représentent un coût, mais ils garantissent également que nos clients reviennent.”

 

 

Les travailleurs flexibles sont-ils une partie de la solution ?

 

Eline : "Une nouvelle norme s'est établie. Avoir un emploi d'appoint avait souvent une connotation négative par le passé. Mais depuis la pandémie, cela a complètement changé. Même les personnes hautement qualifiées choisissent souvent d'avoir un emploi supplémentaire. Par exemple, des comptables qui choisissent consciemment de travailler un jour le week-end dans une épicerie de quartier. 80% de nos travailleurs flexibles choisissent quelque chose de complètement différent de leur emploi principal."

 

Luc : "Pour les syndicats, les emplois flexibles sont comme une malédiction, mais pour le secteur, ils sont une bénédiction. Ils facilitent grandement la résolution du puzzle." Simon : "La rapidité est également importante ici. Prenons la récente grève des agriculteurs par exemple. Les rayons étaient vides et devaient être rapidement réapprovisionnés. Comment planifiez-vous ces heures supplémentaires ? Et comment le faire de la manière la plus efficace possible dans une équipe de travailleurs temporaires et permanents ? BookU peut aider les détaillants à cet égard."

 

Guy : "Ma planification du personnel se limitait autrefois à un simple fichier Excel, et chaque journée de travail se ressemblait. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Les marges sont plus petites, nous devons donc réfléchir davantage à une occupation efficace. De plus, du côté du personnel, les choses ont changé : il est désormais beaucoup plus difficile de trouver quelqu'un qui peut commencer à travailler à 8 heures du matin, par exemple, ou qui peut travailler un dimanche sur quatre. À cet égard, les travailleurs flexibles sont une bénédiction."

 

Luc Ardies, Buurtsuper.be: “Pour les syndicats, les flexijobs sont comme un sujet tabou, mais pour le secteur, ils sont une bénédiction.”

 

Le régime des travailleurs flexibles a changé depuis le 1er janvier. En vaut-il encore la peine ?

 

Eline : "Le système est devenu inutilement plus complexe et entraîne une concurrence entre les secteurs. En tant que gardienne d'enfants, vous pouvez désormais gagner 19 euros nets par heure, tandis que dans l'horeca, c'est seulement 12,5 euros. Pour beaucoup, le choix est alors vite fait. Ou des chauffeurs qui passent de 12,5 à 15,4 euros de l'heure. Cela a un effet gigantesque sur toute la chaîne, et la Belgique était déjà en tête en Europe en ce qui concerne le coût du travail."

 

"Avoir un emploi d'appoint avait souvent une connotation négative par le passé. Mais depuis la pandémie, cela a complètement changé."

 

Luc : "Il est encore trop tôt pour voir les effets du nouveau régime. Quoi qu'il en soit, le statut de travailleur flexible est la meilleure chose qui nous soit arrivée, mais pour les employeurs, il est en effet devenu beaucoup plus cher sur le plan fiscal d'employer des travailleurs et des retraités comme travailleurs flexibles. Les personnes âgées passent immédiatement à une échelle de salaire beaucoup plus élevée."

 

Eline : "Pourtant, c'est précisément dans ce groupe - les retraités - qu'il y a un potentiel inexploité important. L'âge légal de la retraite est toujours de 65 ans aujourd'hui. Mais les plus de 65 ans d'aujourd'hui sont beaucoup plus en forme que, par exemple, il y a 40 ans. Ils peuvent et veulent encore travailler. Nous avons même quelqu'un de 85 ans qui travaille encore toutes les semaines."

 

Eline David, Nowjobs: “Une nouvelle génération est apparue, sachant très bien ce qu'elle veut. Il nous appartient de nous y adapter.

 

 

Les coûts de main-d'œuvre ont un impact considérable sur le chiffre d'affaires. Comment les entrepreneurs doivent-ils gérer cela ?

 

Guy : "Pour moi, le coût salarial n'est pas le plus important. Ce qui compte, c'est ce que les clients emportent chez eux et ce qui reste à la fin. Nous avons toujours quatre bouchers en service, et oui, cela coûte de l'argent, mais ils veillent également à ce que nos clients reviennent. On ne veut pas les perdre."

 

Simon : "Notre outil permet de surveiller le ratio coût salarial/chiffre d'affaires. Mais nous constatons que de plus en plus de supermarchés remettent en question le chiffre d'affaires en tant que principal indicateur et recherchent d'autres paramètres, comme le nombre de transactions. Cela implique alors une occupation de caisse plus élevée."

 

Luc : "Le chiffre d'affaires n'est en effet pas un indicateur heureux. Dans notre secteur, tout commence par la marge commerciale. D'abord, il faut payer les différents biens et services, c'est pourquoi la marge brute serait peut-être un meilleur indicateur. Purement en termes d'efficacité axée sur les coûts, nous ne pouvons jamais rivaliser avec les multinationales. La seule façon pour nous de nous positionner est de miser sur un modèle de service. Mais pour cela, nous avons besoin de profils prêts à choyer les clients. L'impact sur les coûts salariaux deviendra crucial dans les années à venir. Nous devrons payer davantage les personnes qui assument davantage leur rôle et leurs responsabilités plutôt que d'exercer une fonction avec des tâches définies. C'est pourquoi, pour moi, un noyau plus mince de collaborateurs permanents et une plus grande proportion d'étudiants et de travailleurs flexibles représentent le modèle d'avenir du supermarché de quartier."

 

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